LINGUIST List 36.471

Wed Feb 05 2025

Calls: Discipline of Linguistics, Discourse Analysis, Linguistic Theories / France

Editor for this issue: Erin Steitz <ensteitzlinguistlist.org>



Date: 04-Feb-2025
From: Marion Bendinelli <marion.bendinelliuniv-fcomte.fr>
Subject: Colloque Réseau Linguistique de l'énonciation
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Full Title: Colloque Réseau Linguistique de l'énonciation

Date: 20-Nov-2025 - 21-Nov-2025
Location: Besançon, France
Contact Person: Réseau Linguistique de l'énonciation
Meeting Email: [email protected]

Linguistic Field(s): Discipline of Linguistics; Discourse Analysis; Linguistic Theories

Call Deadline: 15-May-2025

Call for Papers:

La notion de point de vue dans les théories de l'énonciation : regards pluriels, regards croisés

Bien que tous les courants de la linguistique ne s’accordent pas sur sa définition, le « point de vue » constitue un concept clé des théories de l’énonciation difficilement dissociable de celui de « voix ».
Issu de la narratologie (Genette, 1972), le « point de vue » a été petit à petit envisagé dans les théories linguistiques comme une composante intrinsèque de l’énonciation. Dans la théorie de la polyphonie, Ducrot (1984) privilégie le « point de vue » à la « voix », car celle-ci suppose l’existence d’une prise en charge du locuteur et ainsi une matérialité de la subjectivité, mais ne permet pas d’envisager l’énonciation comme traversée par l’expression d’une altérité. L’existence d’un « point de vue » non matérialisable explique d’ailleurs que Ducrot distingue deux êtres théoriques dans le discours : le locuteur et l’énonciateur.
J’appelle ‘énonciateurs’ ces êtres qui sont censés s’exprimer à travers l’énonciation, sans que pour autant on leur attribue des mots précis ; s’ils ‘parlent’, c’est seulement en ce sens que l’énonciation est vue comme exprimant leur point de vue, leur position, leur attitude, mais non pas, au sens matériel du terme, leurs paroles. (Ducrot, 1984 : 204)
Dans une perspective similaire, Perrin (2006) a systématisé cette distinction entre la « voix » et le « point de vue » en attribuant la première au locuteur et la seconde à l’énonciateur : « le locuteur assume le choix des mots et des formulations (…) mais pas le point de vue que ces mots expriment qui n’est que l’objet de référence de ce qu’il cherche à communiquer » (ibid. : 25).
Les théories de la ScaPoLine, elles, font du « point de vue » une composante interne de tout énoncé en ne l’associant plus à la subjectivité d’une autre instance que celle du locuteur. Tout énoncé contient alors un point de vue qui se situe dans le posé et qui constitue une entité sémantique caractérisée par le fait d’avoir une source.
La Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives d’Antoine Culioli (2018/2020) associe pour sa part le point de vue à la construction d’un certain type de repérage par rapport à une origine énonciative, lequel s’établit dans l’énoncé à travers l’emploi de marqueurs relatifs à l’expression de valeurs référentielles, aspectuelles et modales (Chuquet, 1998). Contrairement à la perspective de Ducrot, le point de vue est donc nécessairement dans la TOPÉ construit à travers des marqueurs. C'est pourquoi il convient de différencier locuteur et énonciateur dans une telle perspective (Simonin, 1984). Si le point de vue propre au locuteur trouve à s'exprimer dans l'énoncé, c'est seulement en tant que le locuteur peut être constitué comme « origine des repérages, et non comme origine du mécanisme énonciatif en tant que tel » (De Vogüé, 1992). À partir d'un repère origine (posé en amont de l'énoncé comme énonciateur), c'est par une série d'opérations de repérage, dont les marqueurs linguistiques employés dans les énoncés sont la trace, que peuvent être construites des positions assertives, et par suite des points de vue sur des notions, des relations, des procès. À titre d'illustration, on peut notamment mentionner les marqueurs discursifs susceptibles d'être analysés comme « marqueurs de point de vue » (Paillard, 2017).
Quant à la perspective adoptée par les théories de l’évidentialité (Tasmovski & Dendale, 1994), celles-ci relient le « point de vue » à la problématique des sources du savoir et du discours rapporté.
Rabatel (1998) propose de concilier ces perspectives en considérant l’énonciateur comme la source du point de vue, mais dont l’entreprise tend à identifier des critères linguistiques reposant essentiellement sur les « relations entre un sujet focalisateur à l’origine d’un procès de perception et un objet focalisé » (ibid. : 9).

Cette cinquième édition du colloque du Réseau Linguistique de l’Énonciation se propose notamment d’aborder les questions suivantes :
- Que partagent les différentes définitions du « point de vue » ? Qu’est-ce que le point de vue nous dit de l’énonciation ?
- En tant qu’expression de la subjectivité, où et comment le point de vue s’exprime t il ? Ses marqueurs, s’ils en sont, sont ils de nature modale ou évidentielle ?
- Par quelles stratégies de mise en scène les points de vue construisent-ils l’expression d’une subjectivité ? De quelle instance énonciative cette subjectivité émane-t-elle ?
- Dans la perspective de l’analyse linguistique de corpus authentiques, comment peut on saisir les points de vue à travers l’énonciation ? Quels outils et quelle méthodologie l’analyse des points de vue suppose-t-elle ?

Bibliographie
CHUQUET H. (1998), « La notion de point de vue en analyse contrastive anglais-français », French Language Studies, n° 8, p. 29 43.
CULIOLI A. (2018/2020), Pour une linguistique de l’énonciation, réédition par Lambert-Lucas, en quatre tomes, Limoges : Éditions Lambert-Lucas.
DENDALE P. et TASMOVSKI L. (eds) 1994, Les sources du savoir et leurs marques linguistiques. Langue française, n°102.
DE VOGÜE S. (1992), « Culioli après Benveniste : énonciation, langage, intégration », Linx, n°26, p. 77-108.
DUCROT O. (1984), Le dire et le dit. Paris : Éditions de Minuit.
PAILLARD D. (2017), « Scène énonciative et types de marqueurs discursifs », Langages, n°207(3), p. 17-32. DOI : 10.3917/lang.207.0017 (consulté le 24/01/25).
RABATEL A. (1998), La construction textuelle du point de vue. Lausanne, Paris : Delachaux et Niestlé. DOI : 10.3917/deni.rabat.1998.01 (consulté le 24/01/25).
RACCAH P.-Y. (2005), « Une sémantique du point de vue : de l’intersubjectivité à l’adhésion », Discours Social, p. 205-242.
SIMONIN J. (1984), « De la nécessité de distinguer énonciateur et locuteur dans une théorie énonciative », DRLAV, n°30, p. 55-62.
VARKONYI Z. et SIMONFFY Z. (dir.) (2016), Le point de vue pris au mot, Corela, HS-19. DOI : 10.4000/corela.4187 (consulté le 24/01/25).

Modalités de soumission
Les propositions, d'une à deux pages maximum, devront préciser le titre de la communication, la problématique envisagée, le cadre théorique employé, les données sur lesquelles se fonde le travail ainsi qu'une bibliographie indicative.
Les propositions sont à envoyer par mail avant le 15/05/2025 à l'adresse < [email protected] >.

Calendrier
- 28/01/2025 : lancement de l'appel à communications
- 15/05/2025 : date limite de proposition d'une communication
- 30/06/2025 : retours aux auteur.es sur leurs propositions
- 20-21/11/2025 : colloque du réseau à Besançon

Comité d’organisation
Sophie Anquetil (Université de Limoges, UR CeReS)
Marion Bendinelli (Université Marie et Louis Pasteur, UR ELLIADD)
Nathalie Garric (Université de Nantes, UR Prefics)
Sylvester Osu (Université de Tours, UMR LLL)
Philippe Planchon (Université de Tours, UMR LLL)
Valérie Rochaix (Université de Tours, UMR LLL)




Page Updated: 04-Feb-2025


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